Le second et pas des moindres (si je commence toutes mes intro comme ça, vous allez finir par en avoir marre ! Non ? !) et déjà surement plus connu de vous par le film de terreur qui en a été adapté. Il a d'ailleurs redoré le blason des films d'épouvante grâce à son incroyable mise en scène et à ses musiques. Mais je m'éloigne du sujet là.
Donc j'espère que vous avez trouvé le titre que je vais vous proposer...
RINGPour ceux à qui toute cette lecture fait peur (et j'en connais pas mal !), passer directement au résumé des différents romans et entrez dans la TRILOGIE RING.Paru en 1991 au Japon, le voici finalement entre nos mains tremblantes ce premier germe du mythe, de l'infection. Il aura fallu attendre près de 5 films, 2 séries télévisées et autres déclinaisons pour que le livre originel soit enfin édité en France, directement en poche et avec une typographie un peu bâclée. Qu'importe, les 300 pages du roman se lisent d'une traite -écriture moyenne mais diablement fluide dans tous les sens du terme- et nous font trépigner d'impatience quant à la suite des méfaits de Yamamura Sadako (2 autres ouvrages et une nouvelle), tant ce personnage fantomatique et démoniaque fascine. Une véritable enquête journalistique, elliptique, matinée de surnaturel qui privilégie le non-dit et surtout le non-vu puisque Sadako est à peine décrite sur une vieille photo et pourtant si présente. Telle l'araignée attendant son heure sur un coin de sa toile, elle ourdie son funeste projet du fin fond de son puits décrépit et boueux. Au sein de l'eau croupie le mal se développe plus aisément.
Dans un Japon en plein essoufflement, le retour à la spiritualité et aux sectes est un aveu flagrant et pathétique d'un pays en quête de repères. D'une société où le vide a été érigé en art. Ring c'est un peu cela. Un monde où l'égoïsme et l'indolence surnagent, sans parler de la misogynie. Où le corps et l'être ne sont plus envisagés d'un point de vue ontologique mais comme de simples incubateurs pour satisfaire l'orgueil et la colère d'un être hermaphrodite, supérieur puisque complet. La vacuité de l'existence et son absurdité ont poussé les personnes à se trouver des raisons de vivre, la peur en est une, la culpabilité ou le sacerdoce aussi. L'auteur va même plus loin lorsqu'il affirme que l'homme a toujours eu besoin de crainte mystique -par rapport aux éléments extérieurs dans la vision shintoïste. Une nature qui abhorre la normalité et qui d'une manière ou d'une autre finit toujours par surpasser l'homme (éruption volcanique, variole, SIDA). Le mal est indissociable de son hôte.
Passons sur les réflexions épistémologiques, dont le seul but est la démonstration du cheminement d'un homme pris au piège du temps et non le développement d'une véritable thèse cohérente, pour parvenir au coeur du problème : la vie, la donner, la vivre, la quitter. Asakawa se retrouve presque dans une position où il est obligé de vivre en ce sens qu'il se doit de faire des choix. Préférant jusque là gamberger et ironiser sur le comportement de sa femme, cet être hiératique se retrouve face à lui-même. L'instinct de conservation ? Pas certain car sa motivation première est de laisser une trace, partir avec l'impression d'avoir servi à quelque chose. Il envisage d'emblée sa mort comme certaine, et son enquête comme un moyen de remplir ses dernières journées. L'ironie de l'écrivain qui le renvoie à la fin de son sursis à l'endroit même où il a visionné les cruelles images la première fois n'a d'égale que celle avec laquelle il le place Ryuji en position d'observer "les derniers instants de l'espèce humaine"… La préciosité des contacts et des rapports, notamment homme-femme (avec Maï Takano) en dit long sur le degré d'étouffement et d'entrave des individus.
Qu'est-ce qui dicte nos choix ? Qui influence ces hommes au moment de violer une jeune femme ? Une image, une vidéo enregistrée par hasard au lieu en lieu et place d'un feuilleton populaire. Le libre-arbitre n'est-il qu'illusion, manipulé qu'il est par des instances supérieures ? Le seul véritable raisonnement que fera Asakawa le conduira en toute connaissance de cause à déclencher l'épidémie. La race humaine va péricliter. En cela est-il plus égoïste que Sadako, raillée, difforme, contaminée et violée qui de sa tour de prescience souhaitait un enfant ? Et cet égoïsme soigneusement dissimulé derrières des idéaux altruistes n'est-il pas ce qui nous permet de préserver notre intégrité physique, de poursuivre une existence absurde.
Passons plutôt aux résumés des différents tomes.Résumé“Ceux qui regardent ces images sont condamnés à mourir dans une semaine, exactement à la même heure.. . ”
Kazayuki Asakawa déglutit, les yeux rivés sur l’écran de télévision. Au fond de lui-même, il sait que c’est vrai, que ce n’est ni une plaisanterie, ni une menace en l’air.
Il sait que les quatre adolescents, dont sa propre nièce, qui ont regardé ensemble la cassette vidéo avant lui sont morts. Juste au même moment.
S’il veut survivre, il lui faut comprendre d’où vient cette cassette, le sens de ces images énigmatiques et inquiétantes, de cette malédiction absurde.
Et il ne lui reste plus que sept jours. Même moins de sept jours !
Et pas la moindre piste…
CritiqueHistoire insolite que celle d’une cassette vidéo qui tue, mais terriblement efficace. Le suspens va grandissant tout au long du livre, certains points s’éclaircissent d’autres n’en demeurent pas moins obscurs. Un rythme bien mené donc, des personnages en quête de vérité, entraînés malgré eux dans une spirale affolante. À lire absolument.
Le film d’Hideo Nakata Ring vaut lui aussi le détour, mêm si quelques libertés ont été prises au niveau du sexe des personnages.Assez fidèle au livre, excellent film.
RésuméUn médecin légiste se trouve confronté à des événements surnaturels liés à de mystérieuses cassettes vidéo. Sur prenant, exotique, différent, une plongée dans l’étrange qui mêle habilement fantômes traditionnels et manipulations génétiques…
CritiqueSuite de Ring, Double hélice nous éclaire et nous ne apprend de belle sur le mystère de la cassette vidéo. Beaucoup de réponses, mais un suspens toujours aussi épais. La science prend le pas sur le fantastique en donnant des explications « rationnelles ». Toujours aussi passionnant. Ce volume, lui aussi adpaté par Hideo Nakata, est une adaptation beaucoup plus libre et s’éloigne du livre, bon, film, mais qui ne rendra pas toute la profondeur de Double Hélice.
RésuméUne nouvelle forme de cancer, provoquée par un mystérieux virus et semble-t-il contagieuse, continence à faire des victimes au japon. Kaoru, étudiant en médecine, est directement concerné : son père est atteint et condamné à brève échéance. Plusieurs des anciens collègues de celui-ci sont déjà morts. Pourquoi l’épidémie frapperait-elle en priorité des informaticiens de haut niveau ? Y aurait-il un lien avec ” La boucle “, gigantesque projet nippo-américain de simulation en réalité virtuelle, auquel son père avait participé ?
Pour en avoir le cœur net, Kaoru se rend en Arizona où s’est réfugié l’un des promoteurs du projet. Là, dans une maison abandonnée, il découvre un ordinateur qui lui donne accès à l’univers inquiétant de ” La boucle “, tombé sous l’emprise de la sorcière Sadoko…
CritiqueSuite et fin de la trilogie, La boucle met un point final à une intrigue à coté de laquelle Matrix fait pâle figure. Retour aux sources et genèse, paradoxes autour de mondes virtuels et réels, on accroche ou pas, mais j’ai vraiment adoré cette apothéose inattendue et pourtant si logique. Le dernier film adapté de ce volume est certes étrange, mais n’a aucun rapport avec le livre, et se retrouve réduit à un simple film d’horreur pas très fulgurant. Trilogie à voir sans aucun doute, mais surtout à lire pour qui veut vraiment connaître le fin mot de l’histoire.
RésuméLes membres d’une troupe de théâtre qui, pour leur plus grand malheur, tombent sous le charme dune comédienne douée de l’étrange pouvoir d’enregistrer directement sur bande magnétique ses pensées les plus intimes..
Une jeune femme qui, au fond d’un puits, véritable cercueil ouvert sur le ciel, accouche d’un enfant maléfique… Une autre qui essaie de communiquer avec son amant parti, sans espoir de retour, vers un monde virtuel. L’Univers de ” Ring ” gagne encore en complexité et en détails avec ces portraits fulgurants de personnages clés de la série qui nous offrent un nouveau point de vue sur la malédiction de la sorcière Sadoko.
CritiqueCe volume relatif à la trilogie Ringu doit se lire après celle-ci. Ring Zéro se compose de 3 nouvelles ayant un rapport direct avec la trilogie. Le livre reprend 3 scènes d’un point de vue différent, vues par des personnages clé. La touche finale qui éclaire un peu plus ce qui je considère comme un chef-d’œuvre du genre.